Gobekli Tepe, un site qui reste une énigme

28 mars 2018 • ActualitésAucun commentaire

Gobekli Tepe, un site qui reste une énigme

Le site archéologique de Gobekli Tepe, connue sous le nom de « colline au nombril » fut découvert pour la première fois en 1963. Les habitants locaux ont trouvé des restes de silex et d’occupation humaine. Mais, il faudra attendre les années 90 pour découvrir des structures des pierres dans le sol pour une véritable mission archéologique.

Des temples de 12 000 ans

C’est dans le sud de la Turquie, à quelques kilomètres de la Syrie, sur une petite montagne de 750 m d’altitude que furent découverts plusieurs cercles de pierres dans des monticules de terre de 15 m de hauteur. En tout, le site de Gobekli Tepe s’étend sur 300 m de diamètre. Cette surface est bien plus importante que le cercle de Stonehenge en Angleterre qui s’étend seulement sur une cinquantaine de mètres. La découverte de ce temple antique aurait pu passer pour une quelconque découverte archéologie, mais c’est sans compter les dates d’édification du site.

D’après les archéologues, les temples de Gobekli Tepe dateraient de 12 000 ans, soit 10 000 ans avant Jésus-Christ. Les datations sont issues des restes organiques trouvés sur le site et devinés au Carbone 14. La découverte est d’autant plus fascinante en nous plaçant 5 000 ans avant les alignements de Carnac, 6 000 ans avant les premières cités sumériennes, 7 000 ans avant Stonehenge et 7 500 ans avant les pyramides de Gizeh.

Les temples de Gobekli Tepe n’ont pas été construits en un jour, mais cela n’enlève rien à l’exploit accompli par ces auteurs. Rappelons en effet que ces derniers ne possédaient pas d’outils en métal à cette époque, mais seulement des outils en pierre et aucune technique mécanique comme la roue et la poulie. La période de construction des temples correspond à la fin du mésolithique ou au début du néolithique. C’est pendant laquelle l’agriculture, la domestication des animaux et la roue ne furent pas encore inventées.

Pourtant, ces structures monumentales ont nécessité à une parfaite organisation sociale des compétences spécifiques, en plus de plusieurs centaines de personnes, ce qui intrigue encore la communauté scientifique. D’autant plus que d’après la frise chronologique de l’humanité, les hommes ne pratiquaient que de la chasse et de la cueillette à l’époque.

L’architecture de Gobekli Tepe

Il existe quatre enceintes circulaires principales et plusieurs autres de moindres importances. Les plus récentes sont plus petites et de forme rectangulaire. Chaque enceinte circulaire a un diamètre allant de 10 à 20 m. Au centre se trouvent deux monolithes en forme de T, pesant chacun de 15 à 20 tonnes et d’une hauteur de 5 à 6 m. Ils sont installés sur des socles d’une quinzaine de centimètres pour la stabilité au sol. L’enceinte est constituée d’un mur de pierre fabriqué avec un mélange de mortier et d’argile, parsemé de plusieurs monolithes, toujours en forme de T et d’une hauteur de 3 à 5 m pesant chacun environ 10 tonnes.

D’après les archéologues en charge du site, il existerait encore plusieurs structures circulaires encore à découvrir sur le site. Les monolithes sont parsemés de symboles et de représentations d’animaux sculptés en haut-relief. Il existe alors des aurochs, des sangliers, des oiseaux, des renards, des serpents et des scorpions, ainsi que de nombreux autres animaux. Ces animaux sculptés en haut-relief semblent être des gardiens des piliers en forme de T.

Les monolithes de Gobekli Tepe sont taillés en un seul bloc et les structures sont taillées directement sur les blocs d’un seul tenant, ce qui traduit un sens artistique et technique très développé. Les monolithes centraux, situés au cœur des enceintes, représentent une forme anthropomorphique sans tête, alors que les mains et les détails vestimentaires sont représentés.

Encore beaucoup de mystères à découvrir

Les archéologues considèrent que les formes en T représenteraient les têtes des individus. Cependant, ces têtes ne présentent aucune trace de nez ou de bouche. Il semblerait ainsi que les êtres représentés ne sont pas de ce monde, mais dans un monde spirituel. Ils ne sont pas humains, mais ressemblent à des hommes. Ce sont peut-être les représentations divines de ce monde, selon les spécialistes.

Les temples de Gobekli Tepe semblent répondre à des codes astronomiques. Les portes et les fenêtres des temples sont alignées sur des phénomènes stellaires équinoxe et solstices. Cela traduit une connaissance de mouvements des astres et des techniques d’observation sur le long terme au vu des techniques de la construction à l’époque, selon les études des archéologues.

Après 2 000 ans d’édification et d’utilisation des enceintes circulaires, les sites furent ensevelis par un monticule de terre et une structure plus petite a été construite au-dessus, mais toujours en suivant le même schéma de construction de monolithes centraux. Par la suite encore, une autre structure plus simple est édifiée, mais cette fois-ci de forme rectangulaire et beaucoup plus simple encore. Le site aurait ensuite été totalement abandonné environ 8 000 ans avant Jésus-Christ sans que la raison ne soit connue.

Longtemps, les archéologues ont pensé que le site avait été enseveli à la suite de coulées de boue, mais depuis les découvertes récentes, les sites furent ensevelis par les peuples qui habitaient dans les régions. Il n’existe entre autres aucune infrastructure d’habitation autour du site pas plus que les outils des bâtisseurs. Pourtant, il a fallu une centaine d’ouvriers à la tâche sur le site aussi bien pour l’extraction des monolithes que pour la structure des piliers sans compter la coordination.

Le chantier n’avait lieu qu’à un certain moment de l’année pour le rassemblement et pour la construction, car il était impossible pour les peuples nomades de rester sur le site plus de quelques jours par manque de nourriture et d’eau. Notons en effet que comme Gobekli Tepe est situé sur une montagne, aucun point d’eau ne se trouve à proximité. Les temples sont donc nés avant les villes, et cela fait que la religion est née avant la société agricole. Ce qui contredit la théorie classique, bien que cela reste une hypothèse.

Un « culte à crâne »

Les temples de Gobekli Tepe sont de sanctuaire religieux où ont été pratiqués des rituels en rapport avec la culture des chasseurs-cueilleurs. À noter d’ailleurs que Gobekli Tepe serait le plus ancestral site religieux édifié en pierre découvert jusqu’à nos jours, car les autres sites à caractère religieux plus anciens ont été pour la plupart des grottes naturelles. On peut donc affirmer que le site est de nature strictement religieuse, car il n’y a pas d’habitation ni sur le site ni à proximité.

Rappelons également qu’il y a 12 000 ans, il n’y avait pas de villes ou de sociétés organisées. Les gens de l’époque organisaient de festins et consommaient une grande quantité d’alcool. On trouvait des récipients de pierre et de gibier avec des résidus de boissons. Gobekli Tepe est donc un sanctuaire religieux pour peuples nomades qui se regroupaient à un certain moment de l’année (solstice ou équinoxe) pour célébrer un culte aux ossements des têtes humaines.

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